Chapitre 39 : Petite mise au point
Harry entra dans le bureau de Dumbledore et y retrouva le directeur accro au citron et Remus Lupin. Ce dernier semblait inquiet pour le jeune serpentard.
'Bon, là j'ai fait une sacrée bourde,' soupira-t-il.
'Peut-être pas, personne ne sait que les Maraudeurs étaient des animagus. Caché que tu as été avec Sirius pendant plus d'un moins aurait été compliqué, surtout quand je vois leur tête. Mais de là à devoir tout divulguer …'
'J'aime pas marcher sur des œufs …'
'Pense à me préparer une bonne omelette sans laisser de coquille dans la poêle.'
'Est-ce que c'était une blague ?' fit-il, étonné. 'Tu me fais une blague à un moment pareil ?!'
Il soupira alors qu'il saluait le directeur et s'installait dans le fauteuil. Remus s'installa sur le siège sur sa gauche. Il remarqua que son père tirait une tête de six pieds de longs tout en fixant le loup-garou. On aurait dit qu'il avait mangé un citron bien amer.
'Cela va être super, l'ambiance ici …,' confia-t-il à sa mère.
« Où étais-tu, Harry ? » demanda alors Dumbledore, avec une trace d'inquiétude dans la voix presque effacée par le soulagement qui était parfaitement audible.
« Pas chez mon Oncle, professeur. »
« Nous le savons, cela, Mr Potter, » fit le professeur Snape en grinçant des dents. « Nous sommes allés à Privet Drive. Nous voulons savoir où vous étiez ! »
La voix du Maître des Potions avait claquée mais elle n'eut aucun effet sur la fatigue d'Harry. Il ne pouvait qu'être plus irrité. Et le fait qu'ils soient allés chez ses tuteurs …
« Vraiment ? » demanda-t-il en regardant son père. « Vous êtes allés à Privet Drive ? Je serais curieux de savoir quel mensonge mon oncle a encore inventé pour déformer la vérité ou pour dire que je suis un délinquant de la pire espèce ! Est-ce qu'il vous a montré ma chambre ? Est-ce que vous avez pensé à regarder dans le placard sous l'escalier ? Est-ce que vous avez bien observé les murs de cette parfaite petite maison normale ! Avez-vous oublié qui était Pétunia Evans ? A ce qu'il paraît, elle n'a pas changé d'un iota depuis l'époque où elle vivait à Cokeworth. Cela a même empiré depuis qu'elle est avec son mari. Mais je suppose que vous n'avez pas cherché plus loin et que vous les avez cru sur parole, comme toujours quand il y a des adultes en jeu. Le grand Potter dit directement un mensonge. »
'Harry !'
'Non maman, je suis crevé ! Je ne suis pas d'humeur à ça ! En particulier s'il attaque le sujet comme ça !'
« Non, je n'étais pas chez mon oncle et ma tante, » continua-t-il sur sa lancée. « Je ne voulais risquer de finir comme l'an dernier. J'ai préféré fuir. J'ai été un peu partout dans le pays. »
« Où étiez-vous, Potter ? » fit Snape menaçant en se dressant de toute sa hauteur. « Vous étiez avec Black ? Ne le niez pas. Je sais encore reconnaître la magie de ce chien galeux ! »
« J'en sais rien ! » s'écria Harry en se levant. « Je ne savais pas toujours où il nous transplanait ! Si vous pensez qu'il m'a fait du mal, vous vous leurrez ! Sirius était gentil avec moi. Il m'a protégé et a cherché à remplir le rôle qui aurait du être le sien avant qu'un connard y mette son grain de sel ! »
« Langage ! 10 points en moins pour Serpentard ! »
« Ecoutez ! Je suis crevé ! Je n'ai pas totalement récupéré du patronus que j'ai fait dans le train et je ne suis pas du tout d'humeur à me battre pour vous faire comprendre les choses ! Surtout que vous allez me faire le discours du genre : 'je suis grand, tu es petit ! Je suis malin, tu es bête ! J'ai raison, tu as tort !' sans chercher plus loin. Alors je vais dire simplement ceci. Je n'ai fait absolument aucun rêve. Aucun cauchemar m'avertissant d'un quelconque danger ! Je pense que vous êtes un peu familier de la chose, n'est-ce pas professeur ? » Il lança un doigt accusateur à son père. « Je n'ai rien vu, parce qu'il n'y avait rien à voir. Et je ne vais pas me plaindre qu'enfin un homme ait daigné se comporter comme un père avec moi ! J'ai adoré passé du temps avec Sirius Black même si nous étions toujours en vadrouille ! Lui au moins, ne m'a pas enfermé dans une chambre sans nourriture et m'empêcher d'aller à Poudlard ! J'ai pu faire mes devoirs sans aucune difficulté ! Il a passé commande pour que je puisse avoir mon matériel ! Et il m'a conduit à la gare ! Trois choses que sont supposés faire des parents ou des tuteurs ! Je suppose que vous n'avez pas oublié votre passage à Privet Drive, l'an dernier ? »
Harry se rassit brutalement sur la chaise et frotta son visage et en particulier ses yeux fatigués.
« Et nous qui pensions que vous aviez ouvert les yeux …, » soupira-t-il. « Vous êtes intelligent et vous persistez à faire l'autruche. »
« Cela suffit, Harry ! » s'exclama Dumbledore. « Assez ! Je te l'ai déjà dit, tu dois cesser de faire confiance aux voies dans ta tête ! »
« Déjà, professeur, » siffla Harry avec colère. « Il n'y a qu'une voix. Et cela n'a pas du tout déranger Sirius qu'elle soit là si elle n'a fait que me protéger toutes ces années, me guider dans mes choix ! Au contraire, ils s'apprécient ! Vous avez juste peur de qui elle pourrait être et ce qu'elle pourrait faire ! Et vous êtes vexé de ne pas avoir sa confiance mais si vous vouliez vraiment la confiance des gens, il fallait déjà commencer par faire votre boulot et dire la vérité au lieu de vous empêtrer dans vos mensonges ! » Il croisa les bras. « J'ai dit ce que j'avais à dire ! La dernière fois que j'ai vu Sirius, c'était à la gare de King's Cross et je ne sais pas où il a l'intention d'aller ensuite. Il ne me l'a pas dit et, pour lui, pour sa sécurité, je n'ai pas demandé. »
« Black est dangereux, Potter ! » dit Snape d'un ton catégorique.
« Pour qui ne sait pas la vérité et essaie de l'attaquer, oui, c'est clair qu'il est dangereux ! » Il se tourna vers Lupin. « Et vous ? Vous en pensez quoi de votre ami ? Vous le croyez vraiment capable de ce qu'il a fait ? Vous pensez vraiment que Sirius ait pu faire cela ? Est-ce pour cela que Sirius n'a pas eu de procès ? Parce que tout le monde le jugeait d'office coupable des crimes dont on l'accuse ? »
« Sirius a avoué, Harry, » soupira le loup-garou avec une peine perceptible dans la voix, ainsi que de la trahison.
« Non. Il a avoué être responsable de la mort de son meilleur ami, il n'a jamais dit être un traître ! Enfin, je ne vais pas apprendre à des aveugles à voir, je vais vous laisser tâtonner et trouver la vérité par vous-même. Cela avait eu le bénéfice de fonctionner un peu l'an dernier. Je devrais reprendre cette méthode. Avec un peu de chance, Mme Pomfresh sera plus ouverte d'esprit que vous ! Ou Hermione ! »
« Je t'interdis de faire colporter de fausses rumeurs dans l'enceinte de cette école, Harry ! » ordonna Dumbledore.
« Vous n'êtes pas mon père, professeur, vous ne pouvez pas m'interdire de parler ! Si je veux parler, je parle ! »
« Dans ce cas, pourquoi ne pas nous donner l'identité de la Voix ? » demanda Snape en relevant un sourcil.
« Je ne me rappelle pas avoir donné l'identité de la Voix à Mme Pomfresh. Tu t'en souviens toi ? » demanda-t-il tout haut à sa mère avec une moue pensive.
'Non.'
Lily laissait son fils s'énerver. Il était bien trop fatigué pour être subtil. Il faisait ressortir son tempérament gryffondor pour une fois. Intervenir de trop et pour modérer Harry ne ferait que l'énerver encore plus. Ce serait contre-productif. Dumbledore et Severus se débrouillaient très bien tous seuls pour l'énerver. Elle n'avait vraiment pas besoin d'en rajouter une couche.
« C'est bien ce que je pensais. Elle n'a fait que poser les bonnes questions et interpréter les signes que nous avons laissés. Car j'en laisse des signes. Plusieurs mêmes. Je n'ai jamais cessé d'en donner. Mais personne n'est là pour les interpréter. Vous ne pouvez vous en prendre qu'à vous-même, professeur ! »
« Et Black, il a pu les interpréter ces signes ? »
« J'ai déjà dit ce que j'avais à dire de Sirius. Mais si vous voulez vraiment le savoir, oui, il a ma totale confiance. J'ai vécu une quarantaine de jours avec lui. Je pense que s'il avait voulu me tuer, et j'en aurais rêvé au préalable, ce qui n'est pas le cas, vous ne croyez pas qu'il a eu largement le temps de le faire ? »
« Il veut sûrement faire baisser votre garde pour vous attaquer dans le dos comme le lâche qu'il est ! » cracha Snape.
'Severus ! Sirius est tout sauf un lâche !'
« Lui lâche ? » ricana Harry. « Ne prenez pas vos désirs pour des réalités, professeur. Mais vous avez un raison un Maraudeur est lâche ! Mais ce n'est pas celui que tout le monde croit ! » Il croisa le regard de Lupin et il vit celui-ci déglutir. « Maintenant, enlevez-moi mes points pour mon arrogance, mon impertinence ou tout ce que vous voulez, mettez-moi en retenue jusqu'à la fin de ma scolarité si vous voulez, connectez vos neurones quand vous voudrez enfin chercher la vérité ! Moi maintenant, je vais me coucher ! Et avant que vous n'osiez le penser comme vous en avez pris l'habitude ces deux dernières années, je suis trop crevé pour me pavaner dans les couloirs ou préparer un mauvais coup comme l'aurait fait James Potter ! J'ai fait un patronus, je l'ai maintenu plus longtemps que d'habitude pour chasser les détraqueurs et cela a sérieusement puisé dans mes réserves ! Bonne soirée, professeurs ! »
Harry se dirigea vers la porte.
« Nous n'en avons pas fini, Potter ! » claqua la voix de Snape.
« Moi oui, je n'ai plus rien à dire. Mais si vous voulez, je pique mon roupillon ici et je vous oblige à me porter jusqu'à mon dortoir … » Le Maître des Potions voulut répliquer. « C'est bien ce que je pensais ! Bonne nuit ! »
Et Harry sortit. Une fois dehors, il soupira de soulagement mais aussi de frustration et prit le chemin de sa salle commune.
Pendant ce temps, dans le bureau, Lupin regardait la porte. Il n'avait presque rien dit durant toute l'altercation.
« Il était sincère, » fit-il soudain, interrompant Severus et Albus dans leur discussion.
« Je vous demande pardon, Remus ? » demanda Dumbledore.
« Harry était sincère. Pas une seule fois, son cœur ne s'est emballé, à part pour exprimer sa colère. A part cela, il était sincère. Il n'a dit que la vérité. »
« Il pense qu'il s'agisse de la vérité, Remus. Il se fait manipuler, » répliqua doucement Dumbledore. « Si vous pouvez avoir la confiance d'Harry et le remettre sur le droit chemin durant l'année, ce serait apprécié. Il ne fait confiance qu'en peu de personne. »
« En qui a-t-il confiance ? »
« Son amie Granger, une gryffondor avec qui il traîne tout le temps, » répondit Severus d'un ton neutre. « Et Poppy. »
« Je ferais ce que je peux, » promit le loup.
oO°OoO°Oo
Severus rentra dans ses appartements en grognant de frustration. Il pensait avoir avancé avec le gamin Potter et finalement, il se retrouve de nouveau à la case départ. Tout cela parce qu'il s'était laissé emporter. Il voulait rester calme durant la discussion.
'Au moins, il n'a fait valser personne …'
Il soupira et s'installa dans son canapé avec un verre de Whisky PurFeu. Malgré le fait que son serpent ne voulait rien dire, il avait été malgré tout très bavard. Le seul problème, c'était qu'il avait parlé par énigme. Ne restait plus qu'à lui de la résoudre. Et le plus tôt serait le mieux. Il avait de nombreuses choses à penser. Il fit venir à lui un parchemin et de l'encre et commença à écrire une liste pour mieux visualiser et se donner plusieurs objectifs à lui-même durant l'année sans les oublier cette fois.
To do list :
O quel est le problème exact chez les Dursley ?
O découvrir les signes et les comprendre
O pourquoi Black n'a pas tué Potter alors qu'il a trahi son meilleur ami ?
O Pourquoi Black n'a pas eu de procès ?
O découvrir l'identité de la Voix
O Que cache Dumbledore ? Quelles sont ces vérités ?
O Essayer d'avoir la confiance du garçon pour l'amener à se confier.
Il soupira. Cette année n'allait pas être de tout repos.