Chapitre 21 : Mise en garde ensanglantée
Harry, comme ordonné par la missive de son père et directeur de maison, se dirigeait vers sa classe de potions avec tout son matériel. Il était tard et il y allait pour sa retenue habituelle. Il avait encore deux mois de ce régime. Comme toujours, il se présenta en avance devant le bureau. Juste de quelques minutes, pour ne pas énerver le grand Severus Snape. Deux mois de retenues c'était suffisant, surtout qu'il avait l'art de s'attirer les ennuis, autant éviter de s'en attirer plus que nécessaire.
Il attendit patiemment que son père vienne ouvrir la porte à vingt heure tapante en se tenant appuyé contre le mur. Il se plongea dans une conversation avec sa mère au sujet du devoir de métamorphose qu'il allait devoir faire. Il en était tellement absorbé, son regard perdu dans le vide, qu'il ne remarqua pas que la porte de la classe s'était ouverte et que Snape le toisait de toute sa hauteur.
« Allez-vous encore me faire perdre mon temps, Potter ?! » s'exclama ce dernier.
Harry sursauta en attendant la voix cinglante de l'homme, coupant court son argumentation sur les différentes techniques de métamorphoses dont celles qui étaient plus adaptées à la magie et la perception du monde du jeune homme.
« Je suis désolé, Monsieur, » dit-il précipitamment. « J'étais plongé dans mes pensées. »
Snape ne répondit pas mais ses lèvres étaient pincées en une ligne fine. Il s'écarta pour laisser passer son serpent.
« Installez-vous sur la première table, » dit-il en refermant la porte. « Après une discussion houleuse avec le directeur et le professeur McGonagall, il a été convenu que tout ce que vous avez manqué de mon cours soit restauré. »
Harry fronça les sourcils.
« Monsieur ? »
« Comme vous vous êtes engagé à rassembler le plus rapidement possible votre matériel dès la première semaine de cours et que seul le professeur Lockhart est responsable pour le retard de vos manuels, » expliqua le Maître des Potions en croisant ses bras sur son torse alors que son ton montrait clairement qu'il était exaspéré. « Je me dois de rectifier le tir et de vous aider à rattraper votre retard. Et je suppose que tout comme votre père, vous n'avez pas pris la peine de travailler les potions vues en classe… »
Le jeune homme ouvrit la bouche pour répliquer mais décida de la refermer et de croiser les bras sur sa poitrine, imitant inconsciemment son père. Il avait appris depuis longtemps que cela ne servait à rien d'argumenter avec lui. Il ne le croirait jamais. Il devait toujours amener des preuves de ce qu'il disait. Ce qui l'amenait à réfléchir si oui ou non l'homme avait tenu compte de son avertissement face aux événements inconnus à venir.
'Dis-lui que tu as travaillé les potions, Harry.'
'Non.'
'Dis-lui.'
'Non. Il ne m'a jamais cru, ce n'est pas aujourd'hui qu'il me croira ! Fin de la discussion !'
'Jeune homme, ce soir ! Ce soir vous venez ici pour que je vous apprenne la politesse !'
'Oui, Madame.'
Fort heureusement, Snape n'avait rien dit ou fait durant cet échange. Harry ne se retrouva pas encore idiot et devant expliquer qu'il s'était une fois de plus perdu dans ses pensées. Qui croirait qu'il parle quotidiennement avec sa mère ? A part Hermione, absolument personne. On le prendrait pour un dingue. Il en était persuadé.
« Prenez votre manuel page 15 et commencez la potion d'enflure, » dit Snape.
Harry s'en empara et rassembla minutieusement tous les ingrédients dont il avait besoin et les plaça dans l'ordre d'utilisation sur sa paillasse. Il remplit son chaudron de deux mesures d'eau mais n'alluma pas tout de suite le feu pour se plonger plus profondément dans les instructions.
« Professeur ? »
« Des instructions sont-elles si difficiles à suivre que vous me dérangez avant même de commencer ? » fit l'homme avec son sarcasme habituel.
« Non. Mais je préfère poser ma question maintenant à défaut d'avoir pu trouver la réponse dans les ouvrages de la bibliothèque, » répondit Harry en tentant de son mieux de mettre le moins d'insolence dans sa voix. « Je remarque dans les instructions qu'il faut laisser chauffer entre 45 et 60 minutes. Quelle est la différence pour la potion si on la laisse chauffer 45 ou 60 minutes ? C'est quand même un intervalle assez conséquent. Qu'est-ce que cela apporte comme changement à la potion ? »
Snape observa attentivement son serpent, ne s'attendant pas à ce que le fils de maudit Potter puisse se plonger dans ses cours sans avoir de manuel, et de rattraper son retard sans qu'on le lui demande. Il était surpris. Et sa question était pertinente, bien loin du maraudeur et cancre qu'était James Potter lors de ses études, et plus particulièrement pour les potions. Il ressemblait plus à sa mère.
« Cela dépend de plusieurs facteurs, » répondit-il calmement. « Plus la potion restera longtemps sur le feu, plus elle sera puissante. Mais elle est déjà efficace après seulement 45 minutes. De plus, ce laps de temps permet de rentre la potion encore plus forte en la combinant, lors de la préparation, à des sortilèges ou quelques runes mais cela n'est pas à la portée d'un deuxième année. »
'Quand tu apprendras les runes, je pourrais te l'enseigner,' promit Lily.
Harry sourit intérieurement tout en gardant un visage neutre. Il remercia son père pour sa réponse et commença à préparer sa potion d'enflure en broyant les orties séchées et les yeux de poisson pour en avoir une fine poudre. Une heure plus tard, sa potion était finie et Snape lui avait demandé de faire pour l'heure restante un travail coté de dix centimètres sur les propriétés des feuilles d'orties.
A la fin de la soirée, il remit son travail et rangea ses affaires. Il s'apprêtait à partir quand il fut interpellé.
« Potter, au sujet de ce que vous m'avez dit l'autre nuit …, » commença Snape.
« Je n'ai rien de plus à dire, professeur. Je vous ai dit ce que j'ai vu, à vous d'en tirer les conclusions quand vous aurez tous les éléments. »
« Mais Potter, est-ce seulement réel ? »
Harry se retourna. Le regard sombre de son père était inquiet. La vie d'un élève serait en jeu. Il en avait discuté avec personne d'autre, jugeant qu'il n'avait pas encore assez d'éléments mais il voulait en avoir le cœur net.
« Pour le moment, priez que cela n'arrive pas, je n'ai eu qu'un seul rêve jusqu'à présent de ce serpent. Pour l'année dernière, j'avais fait le premier en début d'année. Puis, il est revenu régulièrement avec toujours plus de détails pour finir à être tous les soirs les deux dernières semaines avant les faits en question. Je ne peux pas dire si cela arrivera ou non, je n'ai aucun élément qui peut le prouver. Mais je sais que je suis incapable de rêver de la mort de quelqu'un, plus précisément d'une inconnue. Alors, je ne sais pas. »
« Si vous faites un autre rêve …. »
« Oui, professeur, vous serez au courant. Vous êtes après tout toujours là pour me houspiller et me retirer des points parce que je suis hors du lit ! Puis-je y aller, monsieur ? J'aimerais commencer mon devoir de métamorphose avant le couvre-feu. »
Snape hocha la tête et le laissa partir. Il s'installa à son bureau et se servit un verre de Whisky PurFeu et réfléchit aux révélations de son serpent. Ce n'était pas encore garanti. Il fallait encore une preuve que cela se passe. Et si c'était lui qui était la cause de ce qui arriverait ? Qu'il lui en parle juste pour se faire passer pour innocent alors qu'il serait le coupable d'une très mauvaise blague ? Il secoua la tête pour chasser cette idée saugrenue. Harry Potter n'avait jamais rien fait qui attente à la vie des autres étudiants du château.
Il soupira.
'Avec des « si », on mettrait Lutèce en amphore …'
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Harry et Hermione marchaient calmement dans le couloir tout en discutant. Ils avaient passé l'après-midi dans leur refuge à faire leurs devoirs et jouer du piano. Ils y étaient tellement bien qu'ils n'avaient pas vu le temps passer jusqu'à ce que leur estomac ne se manifeste bruyamment. Ils se dirigeaient donc vers les cuisines puisque l'heure du repas était très avancée et qu'il allait bientôt être desservi.
Soudain, le Serpentard entendit une voix caverneuse résonner. Elle parlait de sang et de meurtre.
« Est-ce que vous avez entendu ? »
« Quoi ? »
'Je n'ai rien entendu Harry,' répondit Lily. 'Mais j'ai un mauvais pressentiment. Tu entends quoi ?'
« Une voix. A peine plus forte qu'un murmure. »
Il s'avança vers le mur d'où semblait provenir la voix. Elle semblait s'éloigner. Il se mit à la suivre et à courir pour ne pas être distancé.
« Ca se déplace et ça va tuer ! »
« Harry, attends, pas si vite ! » s'exclama Hermione sur ses talons.
Ils coururent dans les étages, Harry suivant à l'oreille la voix mais elle était de plus en plus faible jusqu'à disparaître totalement une fois qu'ils arrivèrent au second étage, totalement essoufflé. Il se maudit de ne pas connaître un sortilège qui lui permettrait de traverser les murs. Ils reprirent leur souffle. Quelques instants plus tard, ils remarquèrent que le sol de pierre était inondé. L'eau provenait des toilettes des filles à proximité. Hermione alla refermer les robinets tandis qu'Harry observait les alentours.
'Harry, rapproche-toi de ce flambeau,' fit la voix inquiète de Lily. 'Qu'est-ce qui est pendu ? Oh Merlin … Miss Teigne !'
'Et on est mort …,' ajouta le Serpentard en entendant les murmures des conversations approcher.
Le repas était terminé et les élèves retournaient à leurs dortoirs. Et ils étaient en plein milieu du passage.
« Harry, regarde, » fit Hermione, pâle, en montrant du doigt le mur juste à coté. « La Chambre des Secrets a été ouverte. Ennemi de l'Héritier, prenez garde ! C'est écrit avec du sang. »
Le regard émeraude se posa sur le dit mur et Harry se sentit tout d'un coup nauséeux. Le sang coulait encore, frais. Cela venait à peine d'être écrit. Il allait être malade, il en était certain. Les élèves s'arrêtèrent autour d'eux et des exclamations de choc se firent entendre tandis que beaucoup fixaient Harry comme s'il était coupable de cela.
« Qu'est-ce qui se passe ici ? » fit la voix désagréable de Rusard qui tentait de passer au travers de la foule. « Ecartez-vous ! Ecartez-vous ! Potter ? »
Le regard du vieil homme se posa sur le chat suspendu par la queue. Ses yeux s'agrandirent de choc, tristesse, colère et haine tandis qu'il approchait du Serpentard pour l'attraper par le col. Harry était effrayé par la colère du concierge et ne bougeait pas, complètement tétanisé. Il ne pensa même pas à prendre sa baguette pour l'arrêter alors qu'il pouvait très bien le faire. Rusard n'était qu'un Cracmol après tout.
« Vous ! » dit ce dernier, menaçant. « C'est vous qui avez fait cela ! Je vais vous tuer ! Je vais vous TUER ! »
« Argus ! » fit la voix de Dumbledore en arrivant.
Le regard bleu perçant passa de Rusard à Miss Teigne, puis au message ensanglanté sur le mur. Harry fut pour la première fois soulagé de voir le directeur. Mais il restait pâle. Il pâlit encore plus en voyant son père arriver les sourcils froncés alors qu'il fixait tour à tour le mur, la chatte et Harry.
« Que tout le monde se dirige vers son dortoir, » ordonna Dumbledore, d'une voix forte mais calme. « Tout le monde excepté vous deux, » termina-t-il en désignant Harry et Hermione.
Les élèves s'éloignèrent rapidement et il ne resta plus que les deux élèves, Rusard et les professeurs Dumbledore, McGonagall, Snape et Lockhart.
« C'est lui ! » dit Rusard en désignant Harry. « C'est lui qui a fait ça ! Regardez ce qu'il a écrit sur le mur ! »
'Je vais tuer Rusard !' s'exclama Lily, furieuse. 'Je ne sais pas encore comment, mais je vais trouver un moyen !'
'Maman, s'il te plait, tais-toi !'
« Je n'ai absolument rien fait, professeur, je le jure ! » s'exclama-t-il.
« Mensonge ! » cracha le concierge en secouant Harry par le col.
Snape s'approcha.
« Si je puis me permettre, Rusard, » dit-il de sa voix douce et menaçante. « Mr Potter est mon serpent et je jugerai moi-même de la punition adéquate. » Il força le concierge à lâcher sa prise sur le col de la robe d'un Harry très pâle. « Cependant, je pense que Mr Potter et Miss Granger se sont retrouvés au mauvais endroit au mauvais moment. »
« Severus, » intervint Lockhart, faisant tourner l'homme en noir de manière sèche et se coltinant un regard noir comme seul Snape pouvait en faire. « Je ne me souviens pas avoir vu ces deux jeunes gens au dîner. »
« Où étiez-vous, Mr Potter ? » demanda le Maître des potions en tenant son serpent par le bras.
Harry combattait sa peur et son envie de vomir car il était vraiment mal à l'aise face au corps de Miss Teigne complètement immobile et le sang qui dégoulinait du mur. L'air humide transportait l'effluve métallique jusqu'à son nez, le rendant malade.
'Harry, je ne peux que te conseiller d'aller aux toilettes,' murmura Lily.
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Severus vit l'enfant Potter complètement effrayé par Rusard qui le secouait par le col. Il se souvint soudain de sa propre vie et ne put tolérer qu'un enfant soit malmené. Même s'il s'agissait du rejeton Potter. Il s'avança vers eux et menaça le concierge de toute sa hauteur et le força à lâcher prise sur le Serpentard plus que pâle. Il attrapa ce dernier par le bras et l'écarta du Cracmol.
« Si je puis me permettre, Rusard, Mr Potter est mon serpent et je jugerai moi-même de la punition adéquate. Cependant, je pense que Mr Potter et Miss Granger se sont retrouvés au mauvais endroit au mauvais moment. »
La voix désagréable du bouffon de Lockhart se fit entendre dans son dos et il se tourna rapidement pour fusiller son collègue du regard. Hélas ses sombres pupilles n'avaient aucun effet sur cet homme qui ne savait de toute évidence pas reconnaître le danger quand il en voyait un.
« Severus, je ne me souviens pas avoir vu ces deux jeunes gens au dîner. »
« Où étiez-vous, Mr Potter ? » demanda le Maître des potions en plongeant son regard onyx dans les yeux émeraudes.
Il le vit blanchir encore. Il semblait malade. L'enfant porta sa main libre à sa bouche et s'écarta pour se précipiter vers les toilettes des filles. Severus le relâcha immédiatement pour ne pas l'en empêcher. Ils entendirent tous le bruit de quelqu'un qui vomissait.
« Miss Granger ? » soupira alors le vieux Serpentard. « Vous êtes toujours ensemble. Où étiez-vous ? »
« Nous étions dans la salle de musique, professeur ? » répondit la brune. « Nous y sommes restés tout l'après-midi. Nous n'avons pas vu le temps passer jusqu'à ce qu'on commence à avoir faim. On se dirigeait vers les cuisines quand … »
Hermione s'arrêta et posa son regard vers la porte des toilettes.
« Oui, Miss Granger ? »
« Quand Harry a dit que … qu'il avait entendu quelque chose. Il est parti en courant et je l'ai suivi jusqu'ici. Nous avons trouvé le couloir inondé, Miss Teigne dans cet état et ceci était déjà sur le mur. »
« Qu'est-ce que Mr Potter a entendu ? » demanda le professeur McGonagall en s'approchant de son élève.
« Je ne sais pas exactement. Je n'ai pas compris. »
A ce moment, Harry sortit des toilettes fort pâle mais moins malade. Enfin, jusqu'à ce qu'il pose son regard sur le mur. Severus comprit immédiatement, l'odeur du sang était plus que palpable dans l'air. Le gamin en était malade.
« Eloignons-nous d'ici, » dit-il simplement.
« Mon bureau est tout prêt, » intervint Lockhart. « Nous y serons plus à l'aise. »
Severus attrapa son serpent par l'épaule et le conduit jusqu'au bureau de son collègue et força l'enfant à s'asseoir. Il attira à lui une potion contre la nausée et la lui donna. Il le vit examiner la couleur et ensuite ouvrir le bouchon pour le sentir avant de finalement l'avaler.
« Savez-vous seulement ce que vous venez de prendre, Mr Potter ? » demanda-t-il en voyant les bons réflexes de son serpent, bien qu'ignorant pourquoi.
« Une potion contre la nausée, professeur, » répondit l'enfant d'une voix faible mais assurée de sa réponse.
« Pourquoi ne pas me faire confiance vu que je suis un Maître de Potions et votre directeur de maison ? »
« Feriez-vous confiance à un homme si ce dernier vous détestait et vous le faisait bien comprendre à chaque moment de votre vie ? Je n'ai pas confiance en vous. Je n'ai confiance en personne si ce n'est en Hermione et en les paroles de ma mère. Et je vais appliquer quelque chose que j'ai appris d'elle. Vigilance constante ! »
Les professeurs qui étaient tous présents et observaient jusqu'alors Dumbledore examiner la chatte du concierge se tournèrent avec un regard troublé vers le jeune Serpentard après ses paroles.
« Vous pouvez avoir confiance en nous, Mr Potter, » dit le professeur McGonagall en s'approchant pour mettre sa main sur l'épaule du jeune garçon.
« Excusez-moi si je doute en vos paroles. J'ai été tellement déçu par les adultes que j'ai du mal à avoir confiance ! »
« Je dois avouer, professeur, » intervint Miss Granger. « Qu'après les incidents de l'année dernière, j'ai moi aussi un peu de mal à avoir confiance. »
Severus échangea un regard avec Minerva. Ils étaient un peu fautifs. Ils ne les avaient pas écoutés et Potter en avait payé les pots cassés. Il soupira.
« Potter, qu'avez-vous entendu ? » demanda-t-il.
L'enfant releva rapidement la tête pour croiser son regard. Il hésitait. Qu'avait-il entendu pour ainsi hésiter à en parler ?
« Une voix, professeur. »
« Une voix ? » Severus releva un sourcil. « Que disait-elle ? D'où venait-elle ? »
« Elle venait des murs professeurs. Elle parlait de sang et disait qu'il était temps de tuer. Elle était très rapide. J'ai eu du mal à la suivre. »
« Et vous suivez ainsi une voix alors qu'elle parle de meurtre ?! » s'exclama alors le Maître des Potions alors que la colère montait. « Etes-vous complètement inconscient ? Stupide Gryffondor ! »
Il vit Potter se tasser sur sa chaise et une expression de haine passer sur son visage. Il serrait les poings. Il tremblait. Il vit Miss Granger lui attraper la main et se pencher pour lui murmurer quelque chose à l'oreille. Il ne put que discerner 'ne vaut pas la peine', 'Stupide' et 'Ignorant.' Cela eut pour effet de calmer progressivement son serpent et le faire détourner le regard. Il ne releva pas car il ignorait si les mots de la Gryffondor lui étaient destinés ou s'il était pour son serpent. Mais au moins, elle savait le gérer car ses colères étaient somme toute dévastatrices depuis qu'il apprenait à utiliser la magie. Rien que l'épisode de la Grande Salle quelques semaines plus tôt le prouvait.
« Qu'est-il arrivé à Miss Teigne, professeur Dumbledore ? » demanda ensuite la brune.
« Elle a été pétrifiée, » répondit ce dernier. « Mais comment cela je l'ignore. »
« Il le sait ! » s'exclama Rusard en montrant Potter du doigt.
« Suffit, Rusard ! » s'exclama Snape.
Il avait vu que le garçon avait cette fois-ci repris du poil de la bête et sortit sa baguette et murmurer un sortilège. Il ressentit plus qu'il ne vit le bouclier que Potter venait de placer entre lui, son amie et le Cracmol. Ce n'était pas très puissant mais c'était un sort que l'on apprenait vers la fin de la quatrième année. Qu'il le sache déjà en début de seconde année était étonnant. Il faisait indéniablement des recherches pour se protéger. Il comprit cela comme une preuve supplémentaire de son manque de confiance aux autres.
« Cet enfant n'y est pour rien ! Votre chatte ira très bien. J'irai demander à Pomona de me garder une mandragore pour vous la rendre en bonne état ! Arrêtez maintenant d'agresser mon serpent ou c'est moi qui vous agresse ! »
« Severus ! » intervint Dumbledore.
« Non, Albus. Potter est effrayé au point de créer un bouclier entre lui et cet homme ! Pour moi, il y a anguille sous roche ! »
Pendant que tous regardaient tour à tour Rusard et Snape, personne ne vit l'échange de regard entre Hermione et Harry. La Gryffondor incitait son ami à dire la vérité à son père mais le Serpentard restait camper sur ses positions. Même si sa mère était d'accord avec Hermione, il voulait être respecté de son directeur de maison avant de le lui avouer. Mais il savait déjà qu'il ne recevrait jamais aucune marque de respect de son père et était prêt à vivre avec. Il ne cherchait même plus à vouloir lui dire. Il y avait presque renoncé. Si son père venait à le découvrir de lui-même et lui présentait ses excuses, il l'accepterait mais il ne ferait plus aucun pas vers lui. Il n'en avait plus ni l'envie, ni le courage.