Raah, je trouve pas de titre pour le prochain
Bonne lecture !
Demande de youyouyousra. youyou. 3 (obligé de mettre des espaces, le site te supprime, sinon)
95- USA & Canada – Double identité.
Alfred cherchait inutilement l'embouchure de sa paille, les yeux rivés sur la patinoire, ne se rendant pas compte que ladite paille s'enfonçait dans sa joue au lieu de sa bouche.
Son portable vibrait dans sa poche, une fois de plus, mais il n'y portait même pas attention, que ce soit maintenant ou dans l'heure précédente.
Non, à la place, il se brûlait les rétines à fixer l'équipe qui hurlait à plein poumons, directives et jurons se mélangeant dans un brouhaha presque incompréhensible.
Machinalement, il porta sa main libre à son genou qu'il palpa doucement, attentif à la moindre douleur, mais rien ne vint.
Ce ne fut ni un soulagement ni une déception.
À la place, il resta concentré sur l'entraînement de hockey.
Il était envieux de leur énergie, de leur fougue.
-Ah, mec, t'étais là ! Tu réponds plus à ton portable ?
Un gars de sa promo s'écroula à ses côtés, braillant comme si il avait besoin de se faire entendre de l'autre côté du bâtiment, mais il n'y fit pas attention, ayant pris l'habitude de filtrer ce qu'on lui disait.
C'est ainsi que se finit l'entraînement de hockey, le coach se vidant les poumons sur son équipe qui se bousculait avec camaraderie pour entrer le premier dans les vestiaires.
Ce fut le signal pour Alfred qui se leva, époussetant son jean, son milk-shake vissé à la bouche. Il garda dans son sillage le joueur de football américain qui déblatérait des banalités sans intérêt auxquelles il ne prêtait pas attention.
Surtout quand il se mit à parler des cheerleaders les plus canons et celles qu'il avait pu tirer. Blague.
Ils parvinrent à hauteur des joueurs restants qui devaient ranger le matériel.
-Toujours pas lassé ? l'interpella l'un d'entre eux.
Un petit blond du nom de Tinö, de souvenir.
-C'est toujours mieux que le basket à la télé, rétorqua-t-il.
Il lui sourit avant de l'abandonner pour empêcher son ami de renverser la glacière. Les lunettes embuées, c'était pas génial.
Comme il restait planté au bord de la patinoire, son ancien coéquipier finit par le lâcher sous une excuse minable. Long à la détente, le gars.
Alfred ignora poliment Ivan qui le lui rendit bien, faisant crisser la glace sous ses patins.
La patinoire était lentement désertée et il ne resta bientôt plus que le capitaine de l'équipe.
Sans chercher à être discret, il le fixa.
Il avait retiré son casque, ses cheveux repoussés en arrière, le visage dégagé, ses yeux bleus étaient emplis d'une violence contenue et il tâtait précautionneusement son nez.
Il était bien celui qui avait été le plus brusque.
Sortant de la patinoire, il passa devant Alfred, ne lui jetant même pas un regard, ses patins mordant le revêtement avec hargne.
Il disparut dans le vestiaire et Alfred put l'entendre apostropher son équipe. Sans doute au sujet de son nez.
Puis les joueurs prirent le chemin inverse, changés.
Alfred les fixa de nouveau, répondant aux saluts machinalement. Quand la porte ne fut plus poussée, il attendit. Mais plus aucun bruit n'en parvint, alors il jeta sa boisson et entra à son tour dans le vestiaire.
Il était vide.
Ce n'était pas la première fois que ça se passait, mais Alfred ne comprenait pas comment ça se passait. Il avait même compté les élèves et le chiffre était bon !
Mais malgré ses tentatives, il ne parvenait jamais à mettre la main sur le beau capitaine à l'air féroce. Pourtant, il n'était pas une illusion !
Depuis son accident, il avait beaucoup de temps libre, qu'il passait à chercher un peu le bad boy. Et malgré qu'elles soient infructueuses, il était trop têtu pour lâcher l'affaire.
La solution arriva d'elle-même, à la fin de l'année scolaire, sous la forme d'un album photo. Et pas n'importe lequel.
Celui de cette année. Avec tous les élèves. Et les équipes sportives.
Lorsque le Saint-Graal parvint à ses mains moites, il n'eut qu'une seconde d'orgueil narcissique avant de foncer aux clubs sportifs, section hockey sur glace.
Et là, il ne comprit pas.
À la place du blond au regard froid, il tomba sur un autre blond, à lunettes, avec un air doux et des cheveux ondulés. Même les yeux n'avaient pas la bonne couleur ! C'était qui ce « Matthew Williams », d'abord ?
Pris d'une pulsion héroïque, il étreignit l'album et fonça à la séance d'entraînement de hockey, décidé à parler -enfin- au capitaine qu'il puisse faire remonter l'erreur à l'administration.
Mais il était arrivé trop tôt, et l'équipe attendait devant le bâtiment, papotant paisiblement.
Et un blond à lunettes s'y faisait charrier par Ivan. Charrier et appeler « capitaine ».
Oh, merde.
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