Willoh : Wy
Au fait, ne soyez pas surpris, j'ai changé de pseudo ;)
Bonne lecture !
Demande de Jeune Bipède et Asahi
94- Wy!adult & Angleterre – Intrigue royale.
Willoh défroissa sa robe, le visage de marbre.
Son corset pouvait lui couper le souffle autant qu'il voulait, il était hors de question qu'elle présente le moindre signe d'inconfort à qui que ce soit.
Le monde entier était son ennemi.
Sous ses gants de dentelles délicates, les tâches de peinture paraissaient lui brûler la peau, pareille à du vitriol.
Ses talons claquaient férocement sur le marbre du sol, seule preuve de son état d'esprit, avec la ligne de ses épaules, raide…
Elle dépassait des lignes et des lignes de courtisans sans visage, ne leur adressant aucun regard, les yeux résolument fixés devant elle, cillant à peine. Toujours droit devant elle.
La mort de son père l'avait à peine fait grimacer, contrairement à l'annonce de la mise en place d'une régence, la reine étant morte des années plus tôt, et la princesse étant une fille.
La rage l'avait tant fait trembler qu'elle n'avait pu se saisir du reste du discours, si ce n'était une phrase. Une phrase qui l'avait fait exploser face à de nombreux témoins.
« La régence restera en place jusqu'au mariage de la princesse avec son prétendant. »
Sa fureur avait été telle qu'ils avaient dû l'enfermer dans ses appartements dans lesquels elle resta consignée, telle une enfant pas sage. Pour la peine, elle s'était défoulée sur le mobilier, les bruits en résultants effrayant les gardes postés devant les portes.
Mais du temps était passé et elle avait dû jouer les poupées dociles, les larmes lui brûlant les yeux, alors qu'autour d'elle, on chuchotait sans fin sur son fiancé et sa prétendue richesse, beauté et tant d'autres choses encore…
Elle ne voulait rien savoir sur cet homme qui lui volait sa couronne, son royaume et sa liberté. Absolument rien.
Il était arrivé deux jours plus tôt, relançant les rumeurs et les potins sur son compte, émoustillant les nobles et les serviteurs.
Willoh avait repoussé leur rencontre, aussi loin que le protocole le lui permettait, mais elle devait s'y résoudre, maintenant.
Le plus humiliant, sans doute, était qu'elle se faisait convoquer comme n'importe qui, par le régent à qui le pouvoir avait donné la suffisance des nouveaux riches. Elle était l'héritière en titre !
Un peu plus tôt, la garde royale était venue la chercher alors qu'elle réalisait le portrait de quelques notables étouffés par leurs beaux vêtements, la forçant à camoufler les tâches de peinture sous ses gants et autres parures.
Son maquillage la grattait, ses cheveux lui tiraient, ses bijoux l'encombraient… Elle n'aimait pas toutes ces fadaises politiques et sociétales.
Le chambellan l'annonça d'une voix morne alors qu'elle le dépassait sans un regard. Comme si il y avait quelqu'un ici qui ne la connaissait pas !
Elle se ravisa en apercevant le dos d'un homme qui ne lui disait rien.
À devoir endurer les séances de trône depuis toujours, elle avait au moins aperçu tous ceux ayant de près ou de loin un rapport avec son royaume. Les visages inconnus étaient rares.
En arrivant à sa hauteur, elle se maudit pour sa curiosité et pour sa stupidité. Évidemment.
-Princesse, votre prétendant.
Les présentations étaient protocolaires et fades. Tristes et sans âme.
Willoh s'ennuyait à mourir, occupée à ne croiser le regard de personne, et encore moins celui du grand dadais à ses côtés. Il était sans doute bouffi de suffisance et d'orgueil, son arrogance l'étouffant au même titre que sa fraise. Sa…
Du coin de l'œil, elle se rendit compte qu'il n'en portait aucune, la surprenant. Tout le monde, dans les cours d'Europe, portait une fraise ! Bon, c'était nul, salissant et ça grattait, elle était bien d'accord, mais c'était aussi une preuve de… de…
L'espionnant toujours à la dérobée, elle se rendit compte que le reste de ses habits différait aussi des règles habituelles. Ses bottes étaient tâchées, son pourpoint délavé, ses hauts de chausses remplacés par un pantalon, une ceinture recouverte d'armes…
Ça, c'était un faux-pas diplomatique.
Elle ricanait silencieusement, s'amusant des répercutions que ça avait du engendrer, un roitelet ignorant des règles élémentaires de la mode.
Au moins, ça lui donnait un point.
-Prince, vous nous écoutez ? Soupira le régent.
-Non. Vous êtes ennuyeux au possible.
Leur interlocuteur parut changer de couleur, s'étouffant avec sa salive, cachant presque le petit rire de la jeune femme.
Un regard entre les deux jeunes adultes fut le premier pas dans leur collaboration à venir.
Le régent pouvait dire ce qu'il voulait, aucun des deux ne l'écoutait vraiment. De toute façon, ce n'était pas comme si on allait leur demander leur avis à un moment. Les fiançailles seront annoncée demain, au même titre que la date du mariage.
-Moi c'est Arthur, et toi ?
-Willoh.
-Eh bien, enchanté, Willoh.
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