Bonne lecture !
Demande de Lily-of-the-Northen-Valley & Bankara
Corrigé par Angelscythe, qui a pété un plomb, excusez-la.
49- France & Italie du Sud – Intermède musical.
Savourant quelques instants de calme, Francis accorda sa guitare avec un sourire aux lèvres. La musique était pour lui plus qu'un passe-temps ou un moyen de séduction. C'était un art qu'il aimait affiner, élever au plus haut…
À cause de cela, il avait subi plus d'une moquerie de ses congénères (qui étaient pourtant dans le même cas) et de son peuple. Alors il carrait les épaules, redressait la tête et méprisait du regard. Nul besoin de se faire charmeur pour ces gens-là.
Sous ses doigts, les cordes donnaient une mélodie qu'il avait entendue lors des premiers instants de sa vie. C'était il y a une éternité et pourtant chaque note semblait gravée dans sa mémoire. Il ne savait pas à quoi elles correspondaient exactement, pour quel genre d'occasion était-elle jouée. Mais elle l'apaisait et lui donnait envie de créer. De mettre des mots sur des notes.
Quelques mèches de ses longs cheveux s'échappèrent de son catogan, chatouillant sa joue au passage. Il n'y toucha pas, lui d'habitude si soucieux de son apparence. Ce n'était pas très important.
Soufflant profondément, il ferma les yeux, laissant ses doigts trouver tous seuls les cordes nécessaires pour la musique qu'il comptait jouer, ses lèvres murmurant les paroles tout bas, comme par crainte d'être entendu. Ou de briser la quiétude de ces lieux, allez savoir.
Il resta ainsi de longues minutes. Il n'y avait que les oiseaux à troubler cet instant d'apaisement mais ce n'est pas comme si c'était vraiment gênant. Il était chez eux après tout.
Il se surprit à suivre le vol hésitant d'une mésange(fuck yeaaaaaaaaaaaaah MESANGE POWEEEEEEEEEER !) qui finit par se poser, picorant on-ne-savait-quoi mais en tout cas, ça paraissait l'occuper un moment(des cervelles MWAHAHAHAHAHAHA). Jusqu'à ce qu'une paire de pieds chaussés de bottes élégantes n'entre dans son champ de vision et fasse s'envoler l'oiseau(salaud !).
Mais Francis ne salua pas l'intrus. Pas plus que celui-ci ne lui adressa la parole. Non, à la place, il fit quelques pas supplémentaires et vint s'installer sur le banc à ses côtés, ouvrit le livre qu'il transportait et se plongea dedans.
Rien ne se passa, aucune interaction entre eux. L'un avec sa guitare, l'autre avec son ouvrage. Et les oiseaux continuant de pépier en tous sens.
C'était une calme journée de printemps, perdue entre deux réunions soi-disant importantes où on brassait l'air plus souvent que les dossiers en souffrance. Le vent calme soufflait sur leurs cheveux et agitait les brins d'herbe, les rayons de soleil caressant leurs joues et les éblouissant.
Cessant de gratter ses cordes, Francis leva sa main à son visage, observant l'état dans lequel elle se trouvait. Ses ongles usés par le frottement, les cales, les vieilles cicatrices… Elle racontait une histoire bien différente de celle à laquelle on pouvait s'attendre. Pas une histoire de nation, de politique ou de géographie, juste celle d'une passion portée à travers les siècles.
Il reprit où il en était, grimaçant lorsqu'une note dissonante brisa sa concentration. Oups.
-Mes oreilles, râla l'invité surprise.
-Pas fait exprès.
-J'espère pour toi.
Il cessa ses récriminations pour replonger dans son livre. Ce n'était pas vraiment sa place de reprendre son aîné sur quelque chose qu'il maîtrisait des décennies avant sa propre naissance. Et puis ce n'était ni le lieu ni le moment pour ça. Autant passer à autre chose.
Francis lâcha son instrument et se recoiffa rapidement, finalement ennuyé par les mèches folles gênant sa vision. Il raccorda un peu sa guitare afin d'éviter plus de dissonance puis reprit où il en était, fouillant dans sa mémoire afin d'y extirper l'entièreté de ces partitions mentales. Que c'était loin, tout ça !
Il gratta les cordes encore un moment avant de s'interrompre, l'air songeur, le regard fixé sur des bosquets non loin.
-Tu perds, Francis… souffla son voisin.
Abandonnant son livre sur son banc, il se releva et alla prendre place à ses côtés sans bruit, glissant sa main, le long de sa joue, repoussant les mèches trop courtes du bout des doigts.
D'une voix douce, il l'appela à plusieurs reprises, essayant de l'extirper de ses rêveries où il pouvait parfois s'abîmer durant de longues heures. Et, en général, ce n'était jamais vraiment une bonne idée.
Se penchant légèrement, il pressa ses lèvres dans la nuque découverte à plusieurs reprises, glissant ses doigts dans le catogan pour le défaire, juste pour le plaisir de l'entendre râler.
Et ce qui ne tarda pas lorsqu'il reprit pied avec la réalité, Francis ronchonnant en tentant de remettre de l'ordre dans sa coiffure.
-Tu fais chier, Romano.
En réponse, ce dernier haussa les épaules, attrapant son menton, pour le tourner vers lui afin de l'embrasser. Il avait envie de tendresse, là, maintenant.
La guitare glissa de leurs jambes, rattrapée in extremis et déposée à côté.
Ce n'était plus le moment de la musique ou de la lecture, c'était celui des démonstrations d'affection. Et tant pis si ils tombaient du banc.
Et tant pis si ils écrasaient la guitare.
-Putain, Romano ! Râla Francis.
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