Plus les couples passent et moins j'arrive à les écrire, c'est fou !
Anecdotes : mon père a visité ce musée et il le recommande, il est très bien et très bien pensé (comme un peu tout ce qui constitue les Pays-Bas, en fait). Le délire sur la voix vient des audioguides à Malte où j'avais une chance sur deux pour tomber sur un francophone avec un accent type Marseille que j'étais juste incapable de prendre au sérieux (Oui, c'est cliché, mais j'avais la forte impression qu'un footballeur m'expliquait la grandeur des Templiers, c'était juste trop pour moi).
L'image qui m'a inspiré est de ctcsherry, sur Tumblr.
Bonne lecture !
Demande de Jaded
105- Allemagne & Pays-Bas – Possession.
Les écouteurs à ses oreilles débitaient les platitudes avec l'accent atroce typique de la Bavière qui lui écorchait les oreilles et lui faisait perdre des points de QI, Ludwig déambulait entre les œuvres d'art.
Malgré son piètre avis sur la qualité de son application de guide audio, il ne pouvait s'en passer.
Le Rijskmuseum était un musée très complet mais, avec un niveau d'anglais peu abouti et un néerlandais abyssal, il n'avait d'autre choix que d'endurer les descriptions plates et globales des tableaux de maîtres.
Il finit par s'arrêter, autant pour contempler la scène de vie arrachée au quotidien et figée sur un panneau de bois, que pour cesser de martyriser ses orteils dans ses chaussures de marche trop neuves.
Il y avait quelque chose dans la peinture flamande qui le fascinait, remuait l'intérieur de son être. Les couleurs ? Le traitement de la lumière ? Ce semblant de réalisme non-censuré ?
Les touristes le rattrapaient alors il reprit sa visite, alternant les numéros affichés sur les panonceaux colorés.
Il finit par trouver un coin un peu moins bondé où il en profita pour arrêter la voix enregistrée et tenter de déchiffrer le panneau explicatif, fronçant les sourcils.
À côté, il y avait un tableau, un auto-portrait si il avait bien saisi, avec ce fond sombre caractéristique et cette étrange lueur orangée qu'on pouvait retrouver dans de nombreux autres paysages.
Un homme blond y était représenté de trois-quart, fixant l'extérieur grâce à la fenêtre à ses côtés, fumant la pipe avec concentration alors qu'un barbier chirurgien appliquait un bandage au niveau de son front, légèrement ensanglanté, son arme posée à travers ses genoux.
Un semblant d'agressivité s'en dégageait, le faisant frissonner. Ou alors, c'était la grille d'aération…
Chassant l'impression bizarre qui lui venait, il décida de reprendre sa visite, enclenchant la nouvelle poste audio et rejoignant une autre pièce. La visite continuait.
Lorsqu'il rentra à sa chambre d'hôtel, il était épuisé, avait une migraine puissante et les pieds en compote.
Il s'extirpa de ses vêtements et fila sous le jet chaud de la douche, délassant ses muscles.
La ville offrait peu de reliefs mais les rues étaient pavées et les trottoirs bondés. Les efforts étaient doubles.
Heureusement, les autres guide audio allemands étaient plus agréables, apaisant légèrement sa migraine.
La salle de bain était envahie de vapeur quand il en sortit, passant son pyjama et recoiffant vaguement ses mèches blondes de la main. Son lit l'appelait avec des cris de sirène et il succomba à son charme, repoussant la couette le temps que son corps refroidisse.
Demain était un autre jour.
Ludwig profitait d'une pause bien méritée.
Il avait posé quelques jours, des congés et avait décidé de flâner à Amsterdam pour visiter la ville. Et, bien que ses muscles hurlaient de son rythme infernal, il était plutôt satisfait de son programme. Il avait quasiment vu tout ce qu'il avait prévu de visiter.
Il jeta machinalement un œil à la vitrine à ses côtés et se figea. Elle était encore là. L'ombre. Elle ressemblait étrangement à l'homme du tableau bizarre de l'autre jour.
Sans doute un reflet…
Ludwig était revenu au travail depuis deux jours. Ses vacances étaient derrière lui, maintenant, mais il dut raconter une bonne dizaines de fois ce qu'il avait fait à ses collègues pour lesquels il avait accompli un exploit incroyable de prendre le train et de réserver un hôtel.
Wahoo.
À sa deuxième pause café, il frissonna et dut retenir sa surprise. La silhouette était encore là, dans le reflet de la cafetière. Depuis ce jour au musée, il le croisait à chaque surface vaguement réfléchissante. Et la modernité en avait apporté un certain nombre…
- Tout va bien mec ? Tu as l'air assez nerveux… T'es sûr que tu reviens de vacances ?
Ils échangèrent un sourire un peu tendu avant de se séparer, reprenant leurs postes sans rien ajouter.
La journée passa, les autres aussi, et l'anxiété ne le laissa pas, l'image non plus, le hantant encore et encore. Et, à force, l'homme se faufila partout. Dans ses pensées. Dans ses rêves.
- Enfin… Te voilà… Tu ne m'échapperas plus… Plus jamais…
Le hurlement d'effroi de Ludwig ne quitta ses lèvres alors que son esprit s'enfonçait toujours plus.
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