Je pense que vous allez finir par vous en rendre compte : les couples qui ne m'inspirent pas ont droit à une vie assez planplan xD
Bonne lecture !
Demande de Autriche de HO
Taïwan : Mei Chan / Macao : Cheng Wang
103- Taïwan & Macao – Vie domestique.
L'ambiance était studieuse dans la salle à manger, Mei remplissait consciencieusement son livre de comptes, sa main virevoltant au-dessus du boulier au rythme de ses calculs.
De l'autre côté de la table, Cheng remontait ses lunettes de temps à autre, tournant les copies corrigées.
Le grattement des stylos, les billes de bois glissant sur les tiges, le tintement du balancier de l'horloge les berçaient tous les deux dans leurs tâches hebdomadaires.
Lorsque Mei nota sa dernière virgule, elle soupira de contentement en se redressant et s'étira. Elle jeta un coup d'œil à la page noircie, passant une dernière fois sur l'alignement des chiffres sans rien noter de faux. Elle avait bien travaillé !
Contente d'elle, elle quitta la table au profit de la cuisine où elle relança la bouilloire afin de préparer un thé bien chaud, le leur ayant désagréablement refroidi.
Seul dans la salle à manger, le jeune professeur poursuivait ses corrections sans bouger plus qu'il n'était nécessaire.
Leur couple était ainsi depuis le tout début : calme et mesuré.
Plus tard dans l'après-midi, une fois les corvées finies, ils sortiront se promener en ville, se réchauffer à ce soleil printanier et sourire aux nouvelles fleurs.
Ils recevront sûrement des murmures réprobateurs, mais quelle importance ? Ils avaient appris à leur être sourds.
Mei avait eu le plus de mal à serrer les dents et courber le dos aux médisances que ses décisions avaient fait naître. Mais c'était un faible prix pour la liberté d'aimer, se disait-elle.
Cheng, lui, n'était pas très bavard de base, trop sérieux, et il ne portait pas trop d'attention à ses bêtises. Si les gens le faisaient, c'était qu'ils avaient trop de temps libre, n'est-ce pas ?
Revenant dans la salle à manger avec le thé, Mei s'assit en face de son mari, le contemplant l'espace de quelques gorgées.
- Mon père a appelé hier, annonça-t-elle finalement. Il venait aux nouvelles.
Il ne lui répondit pas, mais elle savait qu'il l'écoutait, alors elle poursuivit.
- Mon frère va bientôt pouvoir reprendre l'entreprise familiale, ainsi notre honte va-t'elle s'estomper. Nous pourrons leur rendre visite à partir de l'année prochaine, une fois les mémoires apaisées.
Son ton était resté égal mais ses phalanges avaient blanchi sous la pression renforcée sur sa tasse.
Il releva alors la tête, pas dupe de la légèreté de son épouse.
- Ils te manquent, statua-t-il. Est-ce que tu regrettes ?
Cheng avait rangé son stylo rouge et croisé ses longs doigts, observant attentivement Mei qui ne détourna pas le regard.
- Ils sont ma famille. Mais tu l'es aussi, maintenant.
Le mariage de la fille aînée d'une des plus grandes multinationales avec son professeur particulier avait mis à mal l'exploitation et forcé le déshéritage de l'héritier, du moins jusqu'à ce que le premier et le deuxième fils puissent reprendre le flambeau et ainsi effacer la honte provoquée, leur permettant de la faire revenir parmi eux.
- C'est vrai, nous sommes une famille.
Un léger sourire se dessina sur le visage placide du jeune homme alors qu'il recouvrait sa main sur la sienne.
- Je me désole vraiment que tu ne puisses pas être pleinement heureuse malgré tout, mais je souhaite de tout cœur que cette ombre nous quittera.
Cette simple phrase lui rendit le sourire. L'attention légère de Cheng était plus profonde que n'importe quelle marque d'affection provenant de ses proches.
Elle referma sa main sur la sienne, la pressant légèrement.
- Où irons-nous cet après-midi ? C'est une belle journée ensoleillée qui s'annonce…
Les projets furent énumérés et celui qui leur plut le plus fut sélectionné : la promenade près de la rivière, qui leur apporterait ombrage et tranquillité, ainsi qu'un point de vue agréable sur les fleurs sauvage aux tendres couleurs pastels dont raffolaient la jeune fille.
Se tenant la main, ils profitèrent de l'air frais et de l'absence de promeneurs, devisant paisiblement. Le ton léger de leurs discussions tranchait avec leur sujet sérieux.
Ils avaient un avenir à construire, des décisions à prendre en fonction des obstacles, un destin à mettre en marche.
Et un enfant à accueillir, prochainement.
Voracity Karn